La productrice présentait deux films en compétition aux Oscars à Hollywood. Elle s'est confiée à notre reporter.
Après cinq années à l’ombre de l’Elysée, le soleil de la Californie. Au pays du cinéma, tout met Julie Gayet en joie, les palmiers, les pancakes, la colline de Hollywood… Blondeur hitchcockienne, robe noire fendue, miss Gayet joue son rêve américain, celui d’une « self-made-woman » devenue cheffe d’entreprise, productrice de deux films d’auteur à petit budget nommés aux Oscars, « L’insulte », de Ziad Doueiri (catégorie meilleur film en langue étrangère), et le documentaire d’Agnès Varda et JR, « Visages, villages ». Un exploit. C’est la 90e cérémonie des Oscars, mais une première pour elle. Il faut se maquiller, se coiffer, rêver de croiser Bill Murray ou Meryl Streep. Quelques gorgées de Coca-Cola, un dernier coup de fil à sa mère, la voiture arrive. Direction le Kodak Theater.
Etre la compagne d’un président de la République aurait pu la mettre en dehors de ce monde-là. Son choix de ne jamais apparaître lui a permis, au contraire, de s’y maintenir, et même d’avancer. Au fil de nos rencontres cet hiver, nous l’avons vue travailler à Lyon, à Genève, jusqu’à Los Angeles, toujours en retard, sans cesse au téléphone, heureuse dans l’action. Aux murs blancs de son bureau parisien, elle a accroché les affiches des films qu’elle produit, des Post-it multicolores, une photo de Stéphane Hessel, une autre de ses fils. Sur une table, près d’un portant où se balancent quelques robes, des piles de scénarios, une tablette de chocolat et un plateau de clémentines. Aucune trace de François Hollande. « Chacun son métier, dit-elle. Le mien est d’être actrice et productrice. »
Les rendez-vous se succèdent. Elle mène les discussions, interroge, hausse parfois le ton. « Prenons des décisions », lance-t-elle, lunettes de vue sur le nez. Autour, les collaborateurs et assistants de sa société de production, six personnes en tout. « On est sortis exsangues du quinquennat », dit-elle. Cinq années où l’équipe de Rouge International a mis sur les écrans huit longs-métrages. Cinq années où Julie Gayet n’a jamais voulu apparaître sur le perron de l’Elysée. Son histoire est celle d’une dame qui a refusé d’être « première », inventant un rôle inédit pour la compagne du président de la République. Elle explique : « On élit une personne, pas un couple. La fonction de première dame est sexiste. C’est un job qui oblige à arrêter son métier. Et en plus on ne touche pas de salaire. » Cela, il lui était impossible de l’envisager.
Se servir de l’art pour changer les choses, elle l’a toujours fait. Le cinéma n’occupe pas tout son temps, une grande partie est consacrée à des causes caritatives féministes. A l’heure où Hollywood se relève à peine du scandale Weinstein, elle va découvrir qu’il n’y a déjà plus personne en noir sur le tapis rouge ; les actrices font du combat pour l’égalité des droits et la protection des victimes un vrai « storytelling » de la résilience, en costumes glamour. En France, Julie et ses pairs ont suivi le mouvement, une « révolution », dit-elle, un choc féministe de libération de la parole et un désir d’agir. « Je veux être dans le concret », répète-t-elle.
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Julie Gayet : "La fonction de première dame est sexiste"
Julie Gayet, née le 3 juin 1972 à Suresnes, est une actrice et productrice de cinéma française.
Elle commence sa carrière à l'écran durant les années 1990 et se fait notamment connaître en interprétant le premier rôle féminin dans le film Delphine 1, Yvan 0 de Dominique Farrugia. Elle se lance dans la production en 2007. Elle a notamment été nommée une fois au César de la meilleure actrice dans un second rôle pour Quai d'Orsay en 2014.
Depuis 2013, elle est la compagne de François Hollande, président de la République française de 2012 à 2017. Leur relation n'est toutefois pas officialisée ; n'étant pas considérée comme étant la compagne du président de façon formelle, elle n'est pas apparue en public à ses côtés de manière officielle pendant son mandat.