top of page

Auteur d'un livre-choc, Francesco Mangiacapra est le gigolo le plus célèbre d'Italie. Fin février, il a rendu public un dossier contenant les noms d'une quarantaine de ses clients réguliers : des prêtres essentiellement et quelques séminaristes. Après l'affaire des Vatileaks en 2012, le Saint-Siège se retrouve une nouvelle fois confronté à ses vieux démons.

Francesco Mangiacapra est bien connu de la presse italienne. Ce n’est pas la première fois que ses yeux pers et sa barbe bien tondue font la une dans le bel paese. Tout comme sa devise, qui prête autant à sourire qu’à réfléchir : « mieux vaut vendre son corps à bon prix plutôt que de brader son cerveau ». Francesco Mangiacapra aurait pu revêtir la robe d’avocat – il est en effet diplômé en droits – mais il a préféré « choisir une autre voie », comme il le dit lui-même. Âgé de trente ans, il est l’un des escort boys les plus demandés de Naples, la troisième ville d’Italie. Sa clientèle est donc diverse et variée… C’est le moins que l’on puisse dire. À tel point, qu’elle est aujourd’hui au cœur d’un scandale qui a fait oublier quelques temps, aux médias et aux Italiens, l’avenir politique de leur pays qui se joue actuellement.

En mars 2017, Francesco Mangiacapra avait publié un livre – qui avait eu son petit succès – déjà fourni en informations aussi croustillantes que dérangeantes. Dans Il numero uno, confessioni di un marchettaro (confessions d’un gigolo), il levait le voile sur une vie qui laissait libre cours à tous les fantasmes. Il y racontait, déjà, les relations sexuelles qu’il entretenait régulièrement avec plusieurs hommes d'Église. Aucune autorité religieuse n’avait alors réagi à ces révélations. Bien décidé à faire bouger les choses, Francesco Mangiacapra a donc remis au diocèse de Naples, fin février, un rapport long de 1200 pages où sont cités une quarantaine de prêtres et de séminaristes. Tous auraient, selon lui, participé à ce « réseau gay ». Le destinataire de ce dossier, le cardinal Crescenzio Sepe, a tenu à préciser que ce rapport ne contenait « aucun nom concernant le diocèse de Naples », mais que « ceux qui ont fauté devront payer et être aidés à se repentir ». Les fichiers compromettants ont ensuite été envoyés directement au Vatican, pour qu’ils soient étudiés par des « autorités ecclésiastiques compétentes ».

Des messages olé-olé sur Telegram

Francesco Mangiacapra n’a pas dénoncé ces trente-quatre prêtres et six séminaristes sans preuve. Il a également remis plusieurs photos de pénis qui lui avait été envoyées et de nombreuses conversations Whatsapp ou plus généralement Telegram (une application assez confidentielle également utilisée par des organisations djihadistes). Interrogé par Catania Today, l’escort boy a tenu à préciser ses motivations : « Il ne s’agit pas d’accusations, car je ne transmets pas de crimes pénalement répréhensibles. Il s’agit d’inviter ces personnes à faire leur mea culpa concernant la compatibilité entre leur statut et la conduite qu’il implique. » Il veut ainsi mener une « bataille de transparence » et souligner l’incohérence entre « ce qui se dit en public et ce qui se fait en privé ». Finalement, Francesco Mangiacapra prône une liberté sexuelle, même au sein de l’Église catholique romaine : « ma cause est idéologique, je n’en tire aucun avantage personnel, je ne reçois pas et n’ai jamais demandé d’argent pour des interviews », a-t-il affirmé.

Le jeune homme s’est également porté partie civile dans le procès du père Luca Morini, accusé d’extorsion auprès de ses fidèles et extradé depuis par ses supérieurs. Ce prêtre se servait de l’argent de ses ouailles pour s’acheter de la drogue et des prostitués. L’escort s'est d’ailleurs vanté d’être grassement payé par ses clients si particuliers, qui n'ont visiblement pas fait vœu de pauvreté. Dans son interview accordée à Catania Today, Mangiacapra a également confié vouloir arrêter la prostitution. Mais pas avant d'avoir réglé cette histoire pas très catholique. 

 

 

Les confidences de l'escort boy qui fait trembler le Vatican

    bottom of page