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Palmarès, larmes, ruban blanc et moments gênants... Tout sur la cérémonie des César 2018

Sous le signe de la lutte contre les violences faites aux femmes, retour sur le duel au sommet entre Au revoir là-haut et 120 battements par minute, la défaite du Sens de la fête et la présence de Laura Smet... ce qu'il faut retenir de cette 43e Nuit des César.

Un duel au sommet qui a tenu ses promesses

Depuis l'annonce des nominations aux César où ils avaient obtenu ex aequo 13 citations, 120 Battements par minute de Robin Campillo et Au revoir là-haut d'Albert Dupontel étaient les favoris de l'édition 2018. Le match n'a pas déçu, le gagnant se détachant dans les dernières minutes de la cérémonie. Avantage au récit de Robin Campillo sur la naissance d'Act-up qui a ouvert le bal. Il empoche six statuettes contre 5 pour la fresque post Première Guerre mondiale d'Albert Dupontel, absent pour cause de désamour des compétitions.

Le suspense a pris fin à la remise de l'avant-dernier prix. Le règlement des César a une disposition étrange et empêche le lauréat du meilleur film de décrocher la statuette de la meilleure réalisation. La sacre de Dupontel meilleur cinéaste ouvrait la voix au triomphe de Robin Campillo.

L'auteur de 120 battements par minute est souvent monté sur scène: meilleur montage, meilleur scénario original. Il a appelé à une évolution des lois sur la toxicomanie et la prostitution, deux vecteurs de transmission du Sida et condamné la politique anti-immigration du gouvernement. Lors de la remise de la statuette du meilleur film, il a d'ailleurs laissé la place au président d'Act-up Paris, qui a pointé une certaine «bien-pensance» de la soirée. Le prix de la meilleure musique, du meilleur second rôle et meilleur espoir pour sa révélation Nahuel Perez Biscayart complètent cette collection. Trait d'union entre les films rivaux, l'Argentin était aussi à l'affiche de la fresque d'Albert Dupontel qui repart avec le prix de la meilleure adaptation et photo, meilleurs décors et costumes.

 

La belle surprise de Petit Paysan

Acclamé par la critique, le film d'Hubert Charuel qui met en scène un jeune éleveur de vaches laitières reprenant seul l'exploitation de ses parents fait une razzia sur les prix d'interprétation. Meilleur acteur pour Swann Arlaud et meilleur second rôle pour Sara Giraudeau. Hubert Charuel décroche le César du meilleur premier film. Le fils d'agriculteurs a remercié l'Académie de «d'avoir récompensé un film de ploucs sur les ploucs, fait par un gros plouc». Et de lancer: «Je veux dire un mot pour tous les paysans et toutes les paysannes, dont je ferai toujours un peu partie. Être seul et se sentir seul sont deux choses différentes. Seul, vous ne l'êtes pas: votre histoire, vos vies intéressent, le succès du film en est la preuve. Alors s'il vous plaît, faites-vous entendre».

 

Les grands perdants de la soirée

Les dix nominations du Sens de la fête faisaient dire que les César s'ouvraient enfin à la comédie populaire. Peine perdue, le duo d'Intouchables Eric Toledano et Olivier Nakache est reparti bredouille. Ce ne sont pas les multiples blagues des remettants et les plans insistants de la caméra qui ont dû dérider Jean-Pierre Bacri, sacré «bougon en chef de la soirée». La soupe à la grimace était aussi au menu de Patients et Grave. Malgré quatre et cinq nominations, le récit autobiographique de Grand corps malade et le film d'horreur de Julia Ducournau n'ont pas non plus accroché leur nom au palmarès. Même peine pour Jeune femme de Leonor Serraille.

 

 #MeToo, l'autre vedette de la soirée

La distribution de rubans blancs aux invités et aux journalistes pour protester contre les violences faites aux femmes avait donné le ton. Manu Payet a demandé à la salle de se lever en signe de solidarité. La productrice de 120 battements par minute a sommé la société à ne pas avoir peur de la mobilisation des femmes: «Ce n'est pas une menace, c'est une promesse. L'avenir nous donnera raison». L'humoriste Blanche Gardin s'est permis la seule blague osée sur le sujet: «A-t-on encore le droit de coucher pour avoir les rôles?»

 

Laura Smet «heureuse de retrouver sa famille de cinéma»

Laura Smet a remis à Sara Giraudeau le César de la meilleure actrice dans un second rôle, comédienne dans le long-métrage Petit Paysan, de Pascal Chavanges. C'était sa première apparition publique depuis l'enterrement de son père Johnny Hallyday et la guerre autour de son héritage. Laura Smet a souligné son bonheur de «retrouver sa famille de cinéma».

 

La performance de Manu Payet

Troisième humoriste après Florence Foresti et Jérôme Commandeur à animer cette interminable soirée (qui a duré plus de 3h15), Manu Payet ne s'en est pas trop mal sorti. En ouvrant la cérémonie «à l'américaine», par un numéro de comédie musicale surréaliste avec des César géants et quelques piques ad nominem, le comédien a marqué les esprits les plus tendres. Puis le rythme est, comme souvent, retombé, malgré plusieurs tentatives plutôt bien pensées du maître de cérémonie. À l'instar de cet hommage musical (très faux) à 120 Battements, ou cette sérénade en espagnol à Penelope Cruz sous les yeux de son mari Javier Bardem. Le moment le plus drôle de la soirée reste l'apparition de Monsieur Poulpe, que Manu Payet avait appelé pour mettre en scène ces inévitables «moments gênants» qui plombent n'importe quelle cérémonie. Ce fut effectivement très gênant.

 

Dany Boon, premier César du public

Pour sa 43e édition, la cérémonie a innové en récompensant le film qui a fait le plus d'entrées en salle. Avec cette décision, l'Académie cherche sans doute à faire taire les critiques qui, depuis de nombreuses années, l'accusent de snobisme. Au risque de céder à une certaine démagogie.

C'est Dany Boon et son avant-dernier film, Raid dingue, qui ont remporté cette statuette inédite remise par Line Renaud. «Je remercie le public français qui aime tous les cinémas», a répondu l'acteur, rappelant l'importance de «ne pas se couper de la comédie».

 

Penelope Cruz, un César d'honneur pour la muse d'Almodovar

Après Kate Winslet, Sean Penn, Michael Douglas ou l'an passé George Clooney, Marion Cotillard (dans une étrange robe scintillante) et Pedro Almodovar ont distingué vendredi soir Penelope Cruz pour l'ensemble de sa carrière. «Il y a quelque chose de naturel en elle qui apporte de la noblesse et du glamour», a salué le réalisateur dont elle est la muse, avant de la comparer à Sophia Loren, Juliette Binoche et... Marion Cotillard.

La comédienne espagnole, très touchée, la main sur le cœur, a multiplié les «mercis» devant l'audience qui s'était entièrement levée. «Ce soir, j'ai très envie de remercier la vie. Même dans mes rêves les plus fous, je ne me serais jamais imaginée ici à Paris pour recevoir un tel prix. La France a toujours été très généreuse avec moi».

«Marion, je t'aime», a-t-elle répondu au «Ti amo» de Marion Cotillard, avant de se tourner vers son réalisateur fétiche. «Merci de l'hommage que tu rends aux femmes avec ton cinéma et merci de m'y avoir inscrite.»

Palmarès, larmes, ruban blanc et moments gênants... Tout sur la cérémonie...

  • Les César du cinéma sont des récompenses cinématographiques créées en 1976 et remises annuellement à Paris, à des professionnels du 7e art dans diverses catégories pour saluer les meilleures productions françaisesc. Ils sont souvent cités comme étant l'équivalent français des Oscars aux États-Unis.

    La cérémonie des César constitue la première remise de prix d'importance en France, et la plus ancienne dans le domaine de l'audiovisuel et du spectacle. Les Molières pour le théâtre, les Victoires de la musique pour la variété, le jazz ou le classique ainsi que les Sept d'or pour la télévision (aujourd'hui disparus) ont été élaborés sur le même modèle.

    Les trophées sont des compressions métalliques, conçues en 1975 par le sculpteur César, qui leur a donné son nom. C'est également un clin d'œil à leurs homologues américains, les Oscars, à la consonance proche, et au film de Marcel Pagnol César

     

    Les trophées sont des compressions d'objets métalliques, conçues en 1975 par le sculpteur César, ami de Georges Cravenne qui leur a donné son nom, clin d'œil aux Oscars à la consonance proche et au film César de Pagnol. Ce sont des pièces creuses, en bronze naturel poli, alors que les Oscars sont plaqués d'or, ces derniers ayant directement inspiré le sculpteur pour son premier trophée en 1976, une bobine de film entourant une silhouette. Devant l'accueil mitigé des acteurs, il réalise en 1977 une compression de 29 cm de hauteur sur une base de 8 sur 8 cm, pesant 3,6 kg, trophée toujours remis aujourd'hui et réalisé dans la fonderie d'art Bocquel en Normandie. Si la valeur du César n'a pas été officiellement dévoilée, elle serait estimée à 1 500 euros

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