En 1992, Johnny Hallyday écrivait dans Paris Match ce texte plein de tendresse sur ses amis, France Gall et Michel Berger.
J’ai la plus grande affection pour France Gall et Michel Berger. Et si je ne m’étonne plus, et ça fait longtemps, de tout ce qu’on écrit sur moi, je suis surpris que personne, à ma connaissance, n’ait eu envie, ni pris le temps, d’expliquer ce couple d’artistes, le plus talentueux de la dernière décennie, à un public qui l’aime. C’est ce que je vais essayer de faire. […]
Je brise tout de suite la légende imbécile, propagée par quelques aigris du “métier”, du couple petit-bourgeois, vivant dans le silence feutré des grands appartements endormis, des chaumières normandes, où la maîtresse de maison prépare elle-même tartes et confitures. Ceux qui pensent ça ont tout faux ! Chez eux, tout bouge, tout vibre, tout rocke. Parce que Michel est un écorché vif et France Gall, une passionnée. Un couple qui se déchire parfois. Mais un couple n’existe que par ses tensions et ses déchirements. Eux, ils partagent tout, et depuis dix-huit ans : le meilleur et le pire, les succès et les galères.
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Avant tout, ils sont humbles. Une qualité qui, par les temps qui courent, se fait rare. Le show-business donne d’eux une image glacée. Cette pudeur quasi maladive qu’ils ont par rapport aux médias est un signe de délicatesse plutôt que de fadeur. Ils veulent se protéger. Protéger leur couple. Protéger leurs merveilleux enfants, Pauline et Raphaël. […]
France, ma première spectatrice, assise dans un coin de la salle, suivait les répétitions
France, Michel et moi, nous ne nous sommes vraiment connus qu’après un de mes spectacles au Zénith. Il était question d’un disque. A l’époque, je l’avoue, je tournais un peu en rond et j’avais besoin de “sang neuf”. Nous avons dîné ensemble, sans oser en parler. Très timides, lui vis-à-vis de moi, moi vis-à-vis de lui. Et je me demande d’ailleurs si nous aurions fait un pas l’un vers l’autre sans France, qui est venue à notre secours. Une indicible affection est née, au cours de cette soirée, qui ne s’est jamais démentie. C’est ainsi que “Tennessee”, l’un des albums que je préfère, est né.
Nous avons passé tous ensemble des instants très forts. Je n’oublierai jamais les chansons qu’ils m’ont fait découvrir, chez eux, dans leur bric-à-brac décoré d’objets de toutes les époques et de tous les styles. Le studio, à Montréal, est toujours présent dans ma mémoire, tout comme la préparation de mon spectacle à Bercy, où France, ma première spectatrice, assise dans un coin de la salle, suivait les répétitions. Elle en donnait, le soir, quelques impressions toujours pertinentes. Elle connaissait toutes mes chansons par cœur, même les plus anciennes. Elle aurait pu faire les voix avec moi.
Et il y avait la vie de tous les jours. Les dîners dans les restaurants japonais, les fous rires, les photos-souvenirs… Nous refaisions le monde jusqu’à 5 heures du matin. France est encore plus insomniaque que moi. Michel, angoissé comme d’habitude, se posait et nous posait toutes les questions possibles. Ils ont réussi à m’apprivoiser, moi, le rebelle. Aujourd’hui, ils font partie de ma famille. »
Un mois plus tard, Michel Berger s’effondre dans sa maison de Ramatuelle. Johnny est le premier à accourir auprès de France.
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