Suicide en direct sur Periscope : le geste fatal de Denis et Katya
Les internautes ont pu suivre en direct le drame de Denis et Katya, deux adolescents russes de 15 ans.
Une tragédie, en direct sur Internet. Voilà ce qui s’est produit lundi en Russie, dans la région de Pskov. Denis et Katya, tous les deux âgés de 15 ans, se sont filmés via l’application Periscope alors qu’ils tiraient sur un camion de la police. Sur les images, on peut voir les deux, visiblement alcoolisés, armés et s’attaquer aux agents alors qu’ils se trouvent dans un cottage, indique la chaîne NTV. Un moment, au cours de leur attaque, Denis explique avoir tué deux chiens dans le village de Strugi Krasnyye. Katya, de son côté, affirme avoir deux fusils, un pistolet et des munitions qui se trouvaient dans la demeure appartenant au beau-père de l’adolescente, ancien membre des forces spéciales. Elle raconte également avoir réussi à arriver au village en prenant le bus, après avoir volé de l’argent à sa mère. En plus de se mettre en scène sur Periscope, les deux ont pris des photos publiées sur Instagram.
La police, qui se trouvait à l’extérieur de la maison, n’a pas répliqué aux tirs, préférant essayer de persuader le jeune couple de se rendre. En vain. Lorsque les deux ont cessé de répondre à leurs appels, les policiers ont pénétré dans le cottage et découvert les corps de Denis et Katya, gisant dans leur sang. «Si on ne se rend pas, on meurt. Mais si on décide de se rendre, alors nous ne nous verrons plus jamais», ont-ils lancé avant de se donner la mort.
Une dispute a tout déclenché
Le jeune couple d’amoureux avait fugué trois jours avant le drame, après une dispute violence entre Katya et sa mère. La jeune fille aurait pris un couteau pour menacer sa mère alors que Denis lui tirait dessus avec un pistolet à air comprimé. Les parents des adolescents ont été appelés par les autorités pour les aider à les convaincre de se rendre. D’après le récit de Katya, la dispute avec sa mère aurait éclaté après que cette dernière lui a interdit de veiller tard chez son petit ami. Mais l’adolescente aurait refusé de l’écouter et s’est enfuie de chez elle. «Ils m’ont trouvée un soir et m’ont battue cruellement. Devant Denis et sa mère. Alors je suis rentrée à la maison oui… mais j’ai fugué à nouveau… Et voilà, on se cache ici», confie-t-elle dans la vidéo Periscope.
D’après le site russe Lenta.ru, Denis et Katya ont laissé un message d’adieu sur les réseaux sociaux. «Je t’ai aimé, mais tu n’as pas idée à quel point tu as ruiné ma vie et mon esprit», peut-on lire. «Adieu tout le monde, amis, famille, et les autres. Ne vous inquiétez pas, je vais vivre d’une autre belle manière. Bon courage à tout le monde dans la vie et s’il vous plait, n’ayez pas peur de vivre comme vous l’entendez, et comme vous le pensez nécessaire. Une vie de plaisir est la meilleure vie. Je vous aime», continue le message écrit part Denis.
Suicide en direct sur Periscope
Les chercheurs ont constaté que les tentatives de suicide et les idées suicidaires chez les jeunes lesbiennes, gays, bisexuels et transgenres (LGBT) sont comparativement plus élevées que dans la population en général. Les adolescents homosexuels et les jeunes adultes sont le plus souvent sujets à des tentatives de suicide. D’après les scientifiques, ceci est en partie lié à des cultures hétérocentriques et à l' homophobie institutionnalisée. Le taux d’addiction aux drogues parmi les personnes homosexuelles augmente généralement après que des lois pénalisant l’homosexualité soient votées.
La recherche sur les suicides complétés dans les minorités sexuelles est préliminaire. Une étude de 2014 a rapporté que les membres de la communauté LGBT avaient des taux plus élevés de mortalité, toutes causes confondues, et ceux vivant dans des zones plus stigmatisées socialement envers l’homosexualité ont tendance à se suicider à un plus jeune âge. Un suivi de 2017 n'a pas réussi à reproduire ces résultats et une enquête menée par les auteurs originaux a révélé une erreur de codage qui, une fois corrigée, a éliminé le lien entre la stigmatisation et le risque de mortalité.
Il a été démontré que l' intimidation des jeunes homosexuels contribue à de nombreux suicides, même si toutes les attaques ne visent pas spécifiquement la sexualité ou le genre. Depuis une série de suicides au début des années 2000, une attention accrue a été accordée aux problèmes et aux causes sous-jacentes afin de réduire les suicides chez les jeunes homosexuels. Les recherches du Family Acceptance Project ont démontré que «l'acceptation parentale, et même la neutralité, en ce qui concerne l'orientation sexuelle de l'enfant» peut faire baisser le risque d’une tentative de suicide. Les idées et les tentatives suicidaires semblent être à peu près les mêmes pour les jeunes hétérosexuels que pour les jeunes qui ont des attirances et des comportements envers des personnes du même sexe mais ne s'identifient pas comme étant homosexuels. Ceci est corrélé avec les résultats d'une vaste enquête auprès des adultes américains qui ont trouvé des taux plus élevés de «troubles de l'humeur et d'anxiété, principaux facteurs de risque de comportement suicidaire», liés aux personnes qui s'identifient comme gays, lesbiennes et bisexuels. A cela s’ajoute les comportements sexuels, en particulier pour les hommes.
L' Alliance nationale d'action pour la prévention du suicide note qu'il n'existe pas de données nationales (pour les États-Unis) concernant les idées suicidaires ou les taux de suicide parmi la population LGBT en totalité ou en partie, pour les jeunes LGBT ou les personnes LGBT par exemple. En partie parce qu'il n'y a pas de pourcentage convenu de la population nationale qui soit LGBTQ, ou même identifiée comme LGBTQ. Les certificats de décès n'incluent pas non plus d’informations concernant la sexualité. Une étude de 1986 a noté que les études antérieures à grande échelle des suicides complétés ne «tenaient pas compte de l'orientation sexuelle dans leurs analyses de données ».