Une pétition réclame le retrait d’un livre sur la puberté jugé sexiste et dégradant.
« On a chopé la puberté », paru aux éditions Milan, explique à des préadolescentes que la poussée des seins permet « d’attirer l’attention du bel Ethan ».
Un livre qui entend « dédramatiser l’adolescence » pour ses défenseurs et qui véhicule un « discours sexiste » pour ses détracteurs. L’ouvrage On a chopé la puberté, destiné à expliquer la puberté aux préadolescents, et paru aux éditions Milan, fait l’objet de vives critiques. Une pétition, lancée vendredi 2 mars, demande son retrait, et a recueilli plus de 95 000 signatures en moins de 24 heures.
Sur les réseaux sociaux, de nombreux passages de l’ouvrage sont repris pour en souligner le caractère sexiste et dégradant à l’égard des femmes. « Grâce à tes seins en plein développement, tu as enfin attiré l’attention du bel Ethan dont tu es secrètement amoureuse depuis la maternelle », peut-on lire dans ce livre de la collection « Les Pipelettes ».
Le livre explique que « grâce à tes nouvelles formes plus arrondies, tu convaincs ta mère de renouveler totalement ta garde-robe et d’aller faire du shopping dans des boutiques de grande ». Ou encore : « comme tu grandis », « tu as enfin le droit de porter du fard à paupières, du gloss, voire du mascara, au collège ».
Sur sa page Facebook, la blogueuse Emma, qui a remis en lumière dans une bande dessinée le concept de « charge mentale », publie quelques passages de l’ouvrage, qu’elle a rebaptisé Apprends dès 9 ans à être un objet sexuel :
« Ta poitrine ressort davantage quand tu te tiens bien droite. Tout est une question d’attitude et de maintien. Les filles à petits seins sont aussi attirantes que les autres ! »
La mère de famille de deux enfants relaie la pétition espérant « qu’aucune gamine n’ait l’occasion de lire cette horreur ». « À l’âge ou les jeunes filles se construisent et à travers ce type d’ouvrage, la société leur fait comprendre qu’elles sont à disposition sexuelle, qu’on peut les juger sur leur physique et qu’elles doivent masquer leur corps », résument les personnes à l’origine de la pétition, qui ont reçu le soutien de l’association Osez le féminisme :
« Choquant ! Discours sexiste et dégradant pour ces enfants, réduites à n’être qu’un corps sexualisé à la disposition du désir masculin. Quelle estime d’elles-mêmes peuvent-elles construire en lisant ces inepties misogynes ? »
« Ton décalé »
Sommées de s’expliquer, les éditions Milan ont fait savoir sur leur blog que cet ouvrage « documentaire au ton volontairement décalé et humoristique » est « destiné à dédramatiser une période souvent difficile à vivre à l’adolescence ». L’éditeur rappelle « qu’il est engagé aux côtés des filles et des garçons, pour les accompagner dans leur découverte du monde, sans dogmes ni prédicats. »
Selon l’une des autrices de l’ouvrage, ce livre répondrait, tout en « désamorçant les clichés », à des stéréotypes que les petites filles « ont déjà intégrés. » Au sujet de l’un des passages les plus critiqués sur les tétons visibles à la puberté, elle rétorque qu’une « fille qui demande « comment mettre mes seins en valeur sans trop attirer les regards » a le droit à une réponse.
Une pétition réclame le retrait d’un livre sur la puberté jugé sexiste...
Milan Presse est une maison d'édition et groupe de presse français propriété depuis 2004 de Bayard Presse, vendant 3 % des livres pour la jeunesse en France.
Milan Presse est créé à Toulouse en 1980 par quatre fondateurs : Patrice Amen, éditeur-libraire, collectionneur de livres pour enfants, Alain Oriol, professeur de français, Bernard Grimaud, commercial, et Michel Mazéries, chef d'entreprise. La dénomination Milan a été choisie à partir du nom de ce petit rapace noir (espèce protégée) qu'on peut apercevoir dans les Pyrénées et sur les berges de la Garonne.
En 2004, Milan est racheté par Bayard, groupe de presse et d’édition présent dans 16 pays, qui devient le 4e éditeur jeunesse en France et le leader sur le marché de la presse ludo-éducative. Le développement de Milan se poursuit, en France comme à l’étranger via des cessions de droits de plus en plus nombreuses.
En 2004, le lancement de Dragonologie (plus de 100 000 ex. vendus) ouvre la voie aux albums animés à la fabrication sophistiquée. La même année paraît le premier titre de la collection « Contes et comptines à toucher », collection en plein essor aujourd’hui (400 000 ex. vendus).
Milan Presse a ouvert la voie de nombreux nouveaux marchés. Il est le premier éditeur de presse jeunesse à proposer des magazines sur CD-ROM (Mobiclic, Toboclic en 1998), à décoder l'actualité pour les enfants (Les Clés de l'Actualité en 1996, et 1 jour 1 actu), et à avoir introduit des magazines thématiques comme Julie (pour les filles)en 1999, Wapiti et Wakou (pour les enfants amoureux de nature). En septembre 2015, Milan presse lance des hebdomadaires numériques à télécharger sur tablette et ordinateur.
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« Nous privilégions toujours l’aspect interactif de nos livres », expliquait Justine de Lagausie, alors directrice des Éditions Milan. « Interaction réelle, puisque nous incitons souvent nos lecteurs à manipuler des ouvrages animés très novateurs, mais aussi interaction avec l’environnement. Nous voulons aider les enfants à devenir des citoyens éclairés, les accompagner dans leur découverte du monde et les inciter à se forger leurs propres opinions, mais aussi à agir sur leur environnement. Sans jamais oublier la part d’imaginaire nécessaire pour qu’un enfant s’épanouisse.»