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La fabuleuse histoire de Jane Goodall, première femme à avoir vécu au milieu des chimpanzés.

Au début des années 60, Jane Goodall est la première femme à s'intéresser à la vie des chimpanzés. Elle élit domicile au milieu de leur territoire, dans la forêt de Tanzanie, et n'en repartira que de longues années plus tard. Pour la première fois, elle raconte son destin au doux parfum d'aventures et de grands espaces dans un documentaire réalisé par Brett Morgen.

« Enfant, dans mes rêves, j’étais souvent un homme. Et je vivais des aventures. Sans doute parce qu’à l’époque, je voulais faire des choses réservées aux hommes. Partir pour l’Afrique. Vivre avec les animaux. C’était mon rêve. » En regardant les images de son arrivée à Gombe en 1960, Jane Goodall se souvient de ce qui l’avait poussée, à l’époque, à monter dans un zodiaque de fortune et à s’installer dans cette région reculée de la Tanzanie. Elle qui aurait pu vivre dans une charmante maison à quelques kilomètres de Londres. Aujourd’hui âgée de 83 ans, Jane Goodall n’a quasiment pas changé. Quelques rides et pattes-d’oie de-ci de-là, les cheveux joliment blancs, mais toujours une allure de demoiselle, queue de cheval et combinaison kaki – la même que dans ses jeunes années. Elle raconte son histoire, le regard fixé sur la caméra, avec tantôt beaucoup de force – celle d’une femme qui a bouleversé grand nombre de conventions –, tantôt beaucoup de tendresse – celle d’une passionnée qui a passé sa vie à observer des primates pour mieux comprendre ses contemporains.

Toi, Tarzan, moi, Jane

Dès son enfance, dans une famille modeste à Bournemouth, Jane Goodall ne faisait qu’une avec la nature. Elle passait ses journées à la cime de son arbre préféré, à lire des romans et à fantasmer d’autres continents. Son prénom n’est pas sans rappeler une autre Jane qui l’a précédée mais qui lui est étrangement similaire : celle née dans l’esprit d’Edgar Rice Burroughs, l’auteur de Tarzan, seigneur de la jungle, en 1912. Est-ce elle qui, dans ses nombreuses lectures, l’aurait inspirée ? C’est au hasard d’une rencontre que Miss Goodall voit sa vie prendre le tournant qu’elle espérait. Alors qu’elle a 23 ans, elle fait la connaissance du docteur Louis Leakey, fameux paléontologue et pygmalion de la tristement célèbre Dian Fossey. Il lui expose son envie d’observer les chimpanzés sauvages – qui n’avaient jusqu’alors fait l’objet d’aucune étude – mais témoigne aussi de sa méfiance envers ses collègues universitaires. Tous les plus éminents professeurs de l’époque soutenaient en effet que seuls les humains étaient aptes à penser et à ressentir. Le docteur Leakey cherchait alors une « personne capable d’aller sur le terrain et dont l’esprit serait vierge de toute théorie scientifique ». « Heureusement, je n’étais pas allée à l’université et n’étais pas au courant de tout ça », commente Jane Goodall. Sans formation, sans diplôme, mais aussi sans a priori, la jeune femme, jusqu’alors secrétaire, s’embarque donc dans cette nouvelle expérience avec sa mère. Pendant de longs mois, elle ne pourra observer que de très loin la tribu de chimpanzés dont elle est la nouvelle voisine. Ils fuient à son passage, jusqu’à ce qu’ils s’habituent à la présence de « cet étrange singe blanc ». L’un d’eux, un vétéran, viendra même chercher directement une banane dans sa main. Dès lors, un lien plus que maternel s’instaure entre l’observatrice et les observés. Elle joue avec eux, leur donne des noms et leur cherche les poux, comme si rien ne les différenciait.

Quelques mois plus tard, Jane Goodall se voit imposer la présence d’un cinéaste mandaté pour filmer ses travaux et son quotidien, un certain baron Hugo van Lawick. C’est grâce aux bobineaux, longtemps perdus puis retrouvés en 2014, de ce jeune aristocrate que le documentaire de Brett Morgen a été possible, puisqu’il est basé sur 100 heures d’images inédites tournées à Gombe. Avec cette caméra qui ne s’éteint jamais, Jane Goodall s’aperçoit qu’elle devient à son tour le sujet de son expérience, tout autant que les primates. Les premiers jours de cette cohabitation, elle ne supporte pas qu’un étranger vienne s’immiscer dans son petit paradis, dans ses collines et ses forêts, qu’elle ne veut partager qu’avec ses singes. Petit à petit, les sentiments se confondent et se mêlent : Jane et Hugo se marieront et donneront naissance à un garçon.

La loi de la jungle

Leur fils, Grub, grandira entouré de chimpanzés – qui représenteront souvent pour lui un réel danger – et sera même élevé sur leur modèle. En matière d’éducation, Jane Goodall s’enquérait auprès de Flo, la guenon qui avait enfanté quelques semaines plus tôt.

L’ancienne secrétaire – devenue une primatologue renommée par sa seule volonté – voulait ainsi comprendre les Hommes, ses congénères, par le prisme des primates. « Plus j’en apprenais sur eux, plus je voyais à quel point ils nous ressemblaient », confie-t-elle. Elle remarque ainsi avec étonnement qu’ils savent utiliser des outils pour se nourrir – en particulier pour « pêcher » des insectes. Une dextérité que beaucoup de scientifiques croyaient alors réservée à l’espèce humaine. Jane Goodall observera également, totalement impuissante, ses chers chimpanzés mener une guerre violente et enragée. « Je les croyais comme nous, mais en plus doux. J’étais loin de me douter du degré de brutalité dont ils sont capables », assure-t-elle aujourd’hui, encore émue.

Bien loin du ramdam de la ville et de la société, Jane Goodall est, malgré elle, devenue une référence dans son domaine et une icône de son temps. Elle a d’ailleurs fasciné la presse : « Une baronne raconte l’Histoire des chimpanzés » ou encore « la Belle et ses bêtes », titraient les magazines. Des journalistes étaient parfois dépêchés dans la luxuriante jungle de Gombe pour dénicher et interviewer la très solitaire Jane. Et une question, une seule, revenait à chaque fois :

« Combien de temps pensez-vous vous consacrer aux chimpanzés ? ».
Avec toujours la même réponse :
« Je dirais, jusqu’à ma mort… »

VIDEO : Le livre de la jungle La fabuleuse histoire de Jane Goodall

  • Jane Goodall, née le 3 avril 1934 à Londres, est une primatologue, éthologue et anthropologue britannique. Elle est la première à avoir observé et rapporté que les chimpanzés utilisent des outils pour s'alimenter. Ses travaux ont profondément transformé les rapports homme-animal.

    Elle a fondé l'Institut Jane Goodall pour la protection de la biodiversité, l'aide au développement durable et l'éducation.

    Fille d'un ingénieur et d'une mère au foyer, elle est élevée à Londres puis à Bournemouth. Ses parents n'ayant pas les moyens de lui payer des études, elle passe un diplôme de secrétaire. Elle enchaîne ensuite des petits boulots.

    En 1957, invitée au Kenya par une amie, elle y rencontre, à l'âge de 23 ans, le docteur Louis Leakey, archéologue et paléontologue célèbre qui effectue d'importantes fouilles dans la corne de l'Afrique. Elle devient sa secrétaire.

    Passionnée depuis sa jeunesse par les animaux (et végétarienne4), elle décide, en 1960, de vivre seule parmi eux, pour mieux les observer et les comprendre. Elle s'installe dans la région du lac Tanganyika (Tanzanie), dans ce qui est aujourd'hui le parc national de Gombe Stream, pour y étudier les mœurs des chimpanzés.

    En 1995, Sa Majesté la Reine Elisabeth II lui décerne le titre de commandeur de l'ordre de l'Empire britannique, et lors d'une cérémonie à Buckingham Palace en 2004, le Prince Charles nomme Jane Goodall dame commandeur de l'ordre de l'Empire britannique.

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